Le tsunami

 Le tsunami


Initialement j’avais cru l’avoir traversée, la tempête, le COVID m’ayant fait passer une année en tous points éprouvante. 

J’ai trop travaillé. Pas plus que mes collègues. Mais disons que j’ai vraiment senti que je ne pourrai pas fournir « légèrement moins » que cet effort pour les 30 prochaines années. Les modifications incessantes et inévitables de planning pour absorber les vagues de patients malades ont englouti ma vie de famille, mes loisirs, ma capacité a me ressourcer entre deux moments de travail.  

Biensur la pandémie aura une fin. Le supplément d’investissement que demande cette réorganisation constante va cesser, le repos sera réparateur.

Et nous reprendrons enfin les projets en suspens.. 

J’en étais là, le premier janvier.


Et soudain,le tsunami, le vrai, est arrivé. 


Il a pris une forme tout à fait inattendue. 

Deux barres roses sur un test rapide. Je l’ai fait cinq ou six fois, incrédule.

Ce n’était pas possible. Je n’allais pas pouvoir absorber ce changement supplémentaire...

Ce CHANGEMENT, plutôt. Pas maintenant.


On dira que c’est la vie. 

J’ai donc été très malade et pas très enthousiaste, pendant quelques semaines. Presqu’en colère contre ce tout petit truc grandissant dans mon ventre. 

J’ai observé, à la fenêtre, les branches du chêne, matin, midi, soir, sous la neige, le sirocco, et maintenant sous le soleil, alitée pendant un bon mois. 


Et puis ça s’est calmé. Et il y a quelques jours je suis allée chercher des lasagnes dans ma pizzeria préférée. Le patron était là, on a un peu causé. Du moral, de ses inquiétudes pour le restaurant. Il a demandé des nouvelles de Baptiste et des enfants...

Et là, pour la première fois je l’ai dit avec plaisir:

« Oui, chez nous ça va. Nous attendons un troisième enfant ».


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