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Affichage des articles du avril, 2020

Recrutement par temps de coronavirus

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  Un collègue a eu ces mots : « nous avons eu beaucoup d’aide, de gens motivés. Ce n’est pas étonnant car nous aimons ça, réanimer. » Je n’ai pas trop su quoi répondre.  Je préfère chercher l’adrénaline ailleurs qu’auprès des patients. Dans le fond, réanimer c’est toujours tragique, surtout pour celui où celle qui est concerné(e). En fait, moi, ce que j’aime, c’est prendre des décisions mesurées en terme de bénéfice risque. Discuter avec les patients ou leurs familles de ce qui compte pour eux et de ce qu’ils attendent de moi. Voir ce que je peux leur proposer. Faire des plans pour éviter au maximum les complications pendant leur prise en charge.  Ce que j’aime, c’est quand il ne se passe rien.  Je me sens «anesthésiste compétente » quand le corps des patients subit un stress majeur « comme si de rien n’était »... En ce moment, c’est différent.  Il faut traiter une pathologie peu connue. Improviser. Je suis contente quand l’un ou l’autre patient se stabilise. L’absence physique des fam

Vacances confinées

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  Je pourrai regretter ces vacances, qui devaient commencer aujourd’hui. Ce séjour chez ma meilleure amie, les châteaux de la Loire au printemps, un concert attendu, le plaisir de voir nos enfants respectifs heureux de se retrouver. J’ai un pincement au cœur. Un vrai. De savoir que l’affection ne sera pas partagée, que les discussions n’auront pas lieu, que la musique ne nous fera pas planer. Et pourtant je suis en repos jusqu’à mercredi. L’école à la maison est finie pour quelques jours.  Alors je vais partir en vacances à la maison, et nous ferons ce que nous n’avons jamais fait. Nous visiterons quelques musées en ligne et nous réjouirons de pouvoir le faire sans prendre l’avion.  Nous jardinerons en famille (je n’aime pas jardiner, mais j’aime le faire en famille). Nous pique-niquerons sous le chêne. Nous observerons la vie sociale des poules et la floraison des arbustes.  Nous lirons.  Et parfois nous ne ferons rien. Vraiment rien, enfin rien d’utile.  Nous nous féliciterons de ne

Les mercis

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 Pleurer un coup. Brièvement.  Parce que j’ai entendu des applaudissements par la fenêtre ouverte du bureau où je consulte les dossiers.  Parce que le plat que je me suis fait livrer pendant la garde était accompagné d’une surprise et d’un mot adorable, écrit à la main, sur une assiette en carton. Parce qu’à mon arrivée à l’hôtel, le personnel avait pensé à mes allergies alimentaires. Qu’une lettre aux soignants était disposée sur la table de nuit.  Pleurer brièvement parce que je ne sais pas trop quoi faire de ces mercis, qui me touchent néanmoins. Parce que je ne suis pas sure de les mériter.  Mes collègues sont incroyables de solidarité, d’attentions mutuelles.  Je suis fière d’être anesthésiste dans notre équipe, d’être anesthésiste tout court. L’anesthesiste est un débrouillard qui connaît le moteur, le moteur humain. Il observe le corps et le sonde avec quelques outils. Fait des mesures, bricole avec deux trois tuyaux. Il trouve ce qui ne va pas. Il compense les défaillances. Il