Pour ne pas choisir de camp
La journée avait l’air normale. Noé croyait que c’était dimanche. Pas d’école, tous les quatre à la maison, déjeuner au soleil. Charlie comprend mieux lui. Il s’active, pèle et coupe des légumes à congeler, soigne ses poules. Prépare un coin pour travailler. Qui l’eût cru? Un petit virus. Suffisant pour rebattre les cartes de l’avenir. L’avenir professionnel à long terme pour Baptiste. L’avenir professionnel à court terme pour moi. Entre une lessive et la préparation d’un gâteau, songeuse, je plane. La réalité est impossible à appréhender. À l’hôpital, l’ennemi invisible pèse lourd. Je ressentais un décalage, dimanche, en observant les habitants qui s’asseyaient encore en terrasse depuis une fenêtre de la maternité. Ça semble avoir changé, ça me soulage légèrement. En rentrant, depuis jeudi dernier, je quitte mes vêtements et je lave tout à 65 degrés. Autour de moi, les tests se positivent parmi les soignants et les patients côtoyés. C’est un peu comme un étau. Nous savons qu’il