Articles

Clap de fin

Image
  Il y a ce qu’on décide de faire, consciemment.  Ces choix qui nous semblent libres au moment où on les opère, mais qui ne le sont peut-être pas. Certains dilemmes sont plus simples que d’autres : remplir ou pas ? Mettre des amines ou pas ? Intuber ou ventiler? J’adore ce genre de dilemmes, parce que leurs réponse est en général dans un livre, une recommandation, un article, un protocole. Et puis il y a cette autre catégorie de situations, celles de la vraie vie, où les options sont nettement plus difficiles à peser. Pas de statistiques, pas de protocoles. Aucun calcul possible pour orienter la stratégie. Histoire de ne pas sembler inconséquente, ou simplement parce que j’éprouve le besoin de légitimer mes actions, je trouve quand même quelques arguments pour appuyer mes actes. Par exemple un jour j’ai arrêté la médecine générale. C’était dans le jura, à Délémont. À l’époque je justifiais ce choix par la quantité de paperasse, le souhait d’être plus focalisée sur les besoins instantan

De l’autre côté …

Image
 J’ai tout gardé: les bracelets de naissance, à chaque fois. La légèreté de leur père qui m’a soutenue pendant les contractions comme si on participait à un jeu ludique. Il n’avait pas peur ou ne le montrait pas. Son bonheur à votre arrivée. Ma joie à moi, différente à chaque fois. Rencontre très attendue avec Charlie après deux heures en salle de réveil post césarienne.  Rencontre en apesanteur avec Noé, une fois la naissance éclair passée. Il était là et bien là, j’ai mis du temps à le réaliser. Rencontre simple et immédiate avec Louis. Le souvenir éprouvant des grossesses, des allaitements, qui se sont bien passés et pourtant… Je me sentais presque en danger. C’était la peur de me perdre, qui me guettait. Elle était rude, la nécessité de laisser tomber ce que j’aimais, ce par quoi je me définissais, pendant un temps… Besoin de sommeil, pour moi qui aime les nuits blanches. Besoin de repos, plutôt que de journées remplies. Besoin de calme et de rester chez moi, plutôt que de vadrouil

Les bonnes mères

Image
 J’écris des missives joyeuses, à propos de ma vie de famille, habituellement. Simplement parce que c’est ce qu’elle est, joyeuse et simple, la plupart du temps.  Et puis il y a les jours comme aujourd’hui. Où l’enchaînement Covid/ mastite/ retour des pollens sur une seule semaine me donne l’impression d’être punie.  Les jours comme aujourd’hui, où les recommandations médicales font irruption comme des injonctions surréalistes dans ma vie de mère. « Il faudrait allaiter 6 mois à deux ans » « il faut allaiter à la demande ». Je m’arrêterai à ces deux-là. Aucune sage-femme ne me met de pression pour que je poursuive mon allaitement. La mienne est bienveillante, rassurante. Mon mari ne me met pas la pression. Mes amies ne me mettent pas la pression.  La pression vient de la médecine, de la science que je plébiscite pourtant tous les jours. Oui, allaiter au moins six mois et à la demande «c’est mieux ». C’est comme accoucher par voie basse, « c’est mieux ». Mais on choisit rarement sa césa

Persévérer

Image
On attendait impatiemment un concert, reporté maintes fois puis raté en septembre car j’ai accouché. Là, j’avais trouvé des billets dans une autre salle, toute petite, à deux heures de la maison tout de même. Samedi est arrivé et, miracle, personne n’a le COVID chez nous et le chanteur non plus 😉. On allait donc pouvoir utiliser nos 5 billets pour passer un bon moment en famille. J’ai trouvé un hôtel dans la matinée, pris quelques affaires et nous comptions partir en milieu d’après-midi.  Biensur le départ a été compliqué, entre les disputes des garçons et le psychodrame du rangement de leur chambre, nous sommes montés dans la voiture déjà exténués. Il en faut parfois du courage, comme parent, pour faire des choses « quand même ».  Pour y aller, malgré les cris qui ont précédé la sortie, l’effort d’organisation, la fatigue.  Pour y aller, même quand la motivation s’est évaporée tant l’inertie familiale est lourde.  À l’heure de partir, le grand a oublié de rentrer ses poules. Le moyen

Aller voir la mer

Image
Période d’incertitudes multiples.  Et cette petite phrase qui résonne dans ma tête à chaque fois que je pense à vous: quand se reverra-t-on?  À cette question récurrente depuis le début de la pandémie, pas de réponse. Mais une posture: on se voit à chaque fois que possible, ne sachant pas quand une prochaine rencontre se présentera. On crée les occasions, au prix d’un effort certain, néanmoins amplement récompensé.  Ces dernières semaines nous avons fait le plein d’amitié et d’amour. Avalé des kilomètres, oublié notre fatigue, soigneusement évité les sujets de discussion qui divisent pour profiter des moments ensemble et se rappeler nos points communs. Nous avons présenté Louis autour de nous. Nous avons  fabriqué une vingtaine de sortes de gâteaux de Noël (grâce à diverses techniques de portage du bébé !) pour remplir toutes les boîtes et les sachets comme chaque année, et les offrir. Histoire de ne pas se dérober même si tout est plus «compliqué» et de faire une courte visite à cet e

Superman

Image
 Mon bébé se réveille. Il est mignon: il s’étire, sourit, fait de petits bruits. C’est mon troisième enfant, et avec lui j’ai découvert que superwoman n’existe pas, ou en tous cas que je n’en suis pas une. Il est 8h, mon bébé de 3 mois a dormi comme un loir depuis minuit trente et pourtant  je suis fatiguée. Dans ma tête pèse tout ce qui n’est toujours pas fait: papiers, bagages de retour de vacances à vider, linge, devis pour la maison, projets pour l’hôpital à faire avancer. Je pense avec dépit à ce que je voulais réussir à boucler avant d’accoucher et qui se trouve toujours inachevé. À ma journée hyper remplie sans pouvoir toucher à ces tâches en suspens.  Car le jour, mon « bébé aux nuits calmes » a besoin d’être allaité 7-8 fois.  De jouer. D’être porté. Alors je cuisine, je range, je débarrasse la table, je fais les courses « en portant ». J’échange des sourires incroyables avec lui, de la tendresse.  Mais parfois -souvent- à la fin de la journée , la culpabilité m’envahit devant

« 27 jours »

Image
Alors voilà.  Louis est là, depuis 27 jours.  Nous sommes cinq et je ne me souviens plus de la sensation d’être quatre, déjà.  À voir Louis, qui ressemble tellement à ses frères au même âge , des souvenirs me reviennent.  Je sais qu’ils vont s’enfuir, comme les fois précédentes, et que je n’aurai plus que des images « d’avant » en photo. Les enfants effacent le passé au profit du présent. 27 jours. Mon ventre est vide, mou, mais rentre à nouveau dans mes pantalons favoris. Presque comme s’il ne s’était rien passé.  Presque seulement, car à la place de mon ventre, ce sont mes bras qui portent de plus en plus lourd… 27 jours . Au départ il était tout petit, si petit.  Un peu rouge, avec une mimique que seuls les nouveaux nés et les vieillards adoptent.  Il était recroquevillé, comme dans le ventre mais au dehors. Il avait des yeux bleus qui regardaient dans le vague, et peu de moments d’éveil en dehors des tétées. Et déjà, il est rose pale, avec des cheveux un peu plus longs, s’étire et