Le temps qui passe





Il pleut. 

Et je passe une très bonne journée.

Pause obligatoire car mon ventre pèse un peu aujourd’hui. 

Il y a dix ans débutait mon premier congé maternité, et ça me fait quelque chose, vraiment. 

C’est comme si elles avait duré très longtemps tout en passant comme un éclair, ces dix années. 

Ce qui va vite, c’est le rythme auquel les enfants grandissent. Ils sont allaités et un jour lisent des romans seuls dans leur lit, sans qu’on ne comprenne vraiment comment c’est arrivé...

Mais il y a tout le reste. La maison surtout. Tous les soirs et les week-ends de travaux, les pique-niques sur le chantier. Les siestes improvisées entre deux piles de bottes de chanvre. Les années à attendre de voir enfin le pignon vitré. Le laps de temps entre le croquis de l’escalier (2013) et l’escalier achevé (c’est en cours). 

L’extérieur en friche, les cafés assis sur des poutres empilées. 

L’extérieur rangé, les cafés assis à une table de jardin sur le gravier. 

Et bientôt l’extérieur aménagé, les cafés pieds nus sur la terrasse.... 

Quand j’y repense, l’accueil de mon premier bébé dans cette maison encore brute, avec ses fils électriques en tissu, ses enduits à la chaux tout craquelés et notre unique pièce de vie, c’était il y a une éternité. 

Dix ans de labeur .

Et puis je suis devenue un vrai marchand de sable. Qui fait le métier de ses rêves. Il y a dix ans ce projet là en était à ses balbutiements:  je passais mon entretien, enceinte, pour être admise en formation d’anesthésie. 

Ça aussi, c’était il y a très longtemps !

Je pense souvent à mon co-équipier. Je me dis: quel bol. 

Quel bol d’avoir habité la même rue qu’un type qui aspirait aux mêmes choses que moi, à 13 ans déjà.

Quel bol de l’avoir sous mon toit. De savoir que cette fois-ci encore, nous serons en équipe. Pour accueillir ce petit bébé surprise, sous le chêne. 

En équipe, pour les nuits hachées, c’est mieux. Et pour porter le bébé. Pour s’émerveiller aussi. 

Pour se pincer et se dire: tu te rends compte, on y habite finalement dans la maison. Les enfants y jouent pour de vrai.

Vivement septembre, qu’on soit 5.

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