Et parfois l’issue est heureuse


 Ça y est. 

Il respire presque seul depuis deux jours. Sans machine.  Juste un peu d’oxygène pour l’aider.

Il me fait de grands sourires. C’est le jour de la sortie, le grand jour. 
Il n’est pas au bout du tunnel. Non. Les deux semaines d’intubation ont laissé leur lot de sequelles: il n’a, pour l’instant, pas la force de se lever seul. Ni d’écrire, ni même de lever le bras pour porter une cuillère à sa bouche.

De très longues semaines de rééducation l’attendent, mais après un mois dans le service des soins intensifs, il part dans une chambre sans alarmes 24h/24. Dans une chambre où personne ne meurt dans le lit d’à côté. Dans une chambre où on peut regarder par la fenêtre, et où il fait noir la nuit. 
Il part et dans quelques temps il prendra peut-être une douche, sera capable de se laver seul. Il pourra peut-être manger une glace, un chocolat. Tenir un journal. Avoir une conversation sans être essoufflé après trois mots.

Il part. Il a eu très peur et il a toujours très peur. Il sait qu’on peut être prisonnier d’un lit, ou de son corps. 
 

Je regarde avec satisfaction le brancard glisser dans la lumière artificielle du couloir. Il s’en va vers des plaisirs très simples qu’on oublie chaque jour de considérer comme tel.
Je réalise la chance que j’ai, de boire mon café sans effort, sans même y penser.

Il part, et je lui souhaite « tout de bon »... 
 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les bonnes mères

Clap de fin

De l’autre côté …