Nouvelle ère


 






Un changement subtil a opéré. 

Un peu d’air. 
Un nouveau lâcher prise.
C’était samedi matin.
Je suis allée travailler. Longtemps. Partie à 6h30, rentrée 14h plus tard. Pareil dimanche. 

Et j’ai passé un bon week-end.
J’ai fait ce que j’aime faire. 
Je me suis occupée des patients. 
Il a fallu changer la sonde d’intubation d’un malade et également lui mettre un drain thoracique. J’ai encadré un étudiant pour qu’il apprenne à poser un cathéter artériel, un interne pour la pose de voies veineuses centrales. J’ai appelé des familles de patients pour leur donner des nouvelles, réfléchi à deux ou trois situations cliniques que je ne comprenais pas bien. 
J’ai discuté avec une collègue précieuse qui part à la retraite dans trois jours. Elle s’appelle Sylvette. 
J’ai rencontré un nouveau médecin chef qui m’a franchement aidée.
Une famille nous a offert du chocolat.

Si tous les patients de mon « box » n’étaient pas là pour cause de COVID, on aurait pu croire que c’était deux jours de travail normaux.

Et j’ai décidé que c’était le cas.

On ne sait pas pour combien de temps la COVID 19 est là, ni combien il y aura de vagues.

Alors aujourd’hui je n’ai pas écouté les statistiques locales du nombre de malades. 
Je ne suis pas épidémiologiste. Ni ministre de la santé. 
Encore moins virologue.
D’autres gèrent les stratégies de santé publique, l’augmentation de capacité des lits à l’hôpital.
Je suis juste médecin anesthésiste .

Je vais donc continuer à m’occuper du corps des patients endormis.
Pour qu’ils aient une chance de retrouver leur autonomie au réveil. 

Dans le fond, c’est tout ce que je peux faire pour affronter cette crise sanitaire majeure. Continuer à exercer mon métier, au sein d’une équipe admirable, là où c’est le plus utile, en acceptant la situation actuelle.


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