Léthargie



Je suis songeuse. Je pense à la léthargie qui m’envahit entre un jour de travail et un autre. 

Je ne suis plus moi.
Moi, c’était quelqu’un qui avait, l’immense majorité du temps, de l’énergie et une certaine force de travail. De l’optimisme. De la disponibilité mentale pour mes enfants et pour Baptiste aussi.
Là, je travaille- je dors- je travaille. Entre deux jours d’hôpital les heures s’égrènent et je n’en fait rien. C’est trop lourd. L’épidémie est trop lourde.
Je ne vais pas m’épancher en détails morbides et tentatives vaines de convaincre les récalcitrants, que les mesures de distanciation sont des mesures de sauvetage des plus vulnérables d’entre nous, et, par là, de nos démocraties.
Non.
Je vais juste dire merci.
Aux amis, aux parents, aux voisins.
À ceux qui vivent presque comme avant mais se lavent les mains, se tiennent plus loin et avec un masque sans en faire tout un plat.
Merci.
À ceux qui me racontent leur journée normale et leurs préoccupations qui n’ont pas changées.
Merci.
À ceux qui décrochent leur téléphone à minuit pour m’écouter, m’aider à relâcher la pression. 
Merci.
C’est très important de vous observer, de vous côtoyer, de voir que votre vie continue même si vous ne minimisez rien.
Ça me rappelle qu’il n’y a pas que cette pandémie, même si je n’en sors plus vraiment du fait de mon métier.
Il faudra penser à continuer à me raconter tous ces tracas usuels, et les choses drôles aussi, dans les prochains mois.
Pour que je puisse me raccrocher aux branches.
Ce que vous faites est important aussi parce qu’il faut œuvrer pour la suite. 
Heureusement vous êtes là, pour continuer à construire, pour vous occuper de demain pendant que mes collègues et moi faisons notre possible pour limiter la casse tout de suite.

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