La boite magique


 Il y a des découvertes dont on se passerait bien... il y a des enfants malades qui sont plus morts que vivants. Au corps tout entier souffrant, livide. Qu’on soumet à mille examens, traitements. 

Et autant d’effets secondaires. 

Ces enfants n’ont pas le droit de mourir. Ça n’est pas une option.  


À mon arrivée devant lui, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que rien,  vraiment rien, ne pouvait justifier cette «torture ». C’était viscéral et non réfléchi. Sans recul évidemment.


Après un instant je me suis souvenue qu’une situation observée de l’extérieur pendant quelques minutes ne peut pas être comprise. Que je n’avais aucune idée du contexte. Et qu’en dépit des râles et des cris, parents et soignants étaient tournés vers cet enfant qu’ils espéraient sauver. 


J’ai donc mis mes sentiments dans une boîte spéciale. Une boîte virtuelle et toujours disponible, qui sert à être capable de fonctionner en tout temps. Dedans, je mets ma peur et la tristesse parfois. Mon inquiétude. Mon dégoût. Ce genre de choses. Je les range. 


Ça m’a permis de lui parler avec douceur, de « l’équiper » ( c’est à dire lui mettre une perfusion, ce genre de choses), de lui raconter de ce qui allait arriver immédiatement après pour l’aider à traverser l’horreur. 


Ma boîte est très pratique. 

Je suis rentrée au milieu de la nuit, j’ai bien dormi. Je n’ai pas tout mélangé.   


Les questions subsistent pourtant.

Comment survivre, enfant, après avoir eu aussi mal, avec l’accord de ses parents? Comment se sentir protégé? Comment faire confiance?

Et nous, équipes soignantes, que faisons nous? Jusqu’où la survie de l’enfant peut-elle être l’objectif principal des soins?

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