Rentrée

 C’est la rentrée et, pour la première fois, nous sommes posés. Tout était prêt y compris les papiers d’assurance. Les garçons ont terminé leur cahier de vacances (!) Nous avions eu le temps de préparer une brioche pour le petit déjeuner de ce matin. Baptiste a même fait les vitres, et le panier à linge est vide.

Là je range la maison. J’ai la crève mais ce n’est pas grave, je n’ai pas 25 choses à faire aujourd’hui.
Je mesure à peine le travail colossal que nous avons fourni ces dernières années. Les journées de 14h, les petites nuits entrecoupées de pleurs ou de lectures médicales, les 8 déménagements, les examens car les études de médecines sont réellement très longues, le chantier, les dix ans qu’il a fallu à mon super-mari pour ne plus être préoccupé par chaque décision à prendre pour son entreprise. 
Nous ne savions pas quel investissement serait nécessaire pour approcher nos rêves. Heureusement. 
Il serait d’ailleurs plus juste d’écrire «  nous ne savions pas quel épuisement serait nécessaire». Mais il n’y a rien à regretter. Dix ans sous l’eau, cela valait la peine. Pour les enfants, les métiers passionnants, les gens rencontrés dans le milieu associatif, la maison si agréable. Pour la construction de du couple aussi: dix ans où nous avons dû et pu compter l’un sur l’autre, comme une équipe.
Aujourd’hui j’émerge doucement de cette tranche de vie tumultueuse et, ce matin, j’ai l’illusion de ne pas être « à la bourre ». Bien sûr jeudi je reprendrai le chemin de l’hôpital et le temps nous manquera à nouveau. Mais plus comme avant. 
Le temps manquera, mais avec un logis douillet pour souffler, une légitimité professionnelle qui n’est plus à prouver quotidiennement, quelques habitudes pour ne pas couler. 
Je suis très contente de cette nouvelle réalité.