La maison du chêne





 2010-2020: on fait toujours mieux lorsque qu’on agit en respectant ses valeurs.

La capacité de travail se déploie, vers l’idéal. 

J’y pense très souvent, dans notre maison. À cette ruine, que d’autres voyaient, là où nous imaginions notre cocon «  vert. »
Un habitat durable. Nous n’avons pas rasé la ruine pour profiter de la vue ou du terrain plat. 
Nous avons patiemment soigné le bâtiment, comme une personne, par respect pour ceux qui  l’ont érigé avant nous, depuis plusieurs siècles. Réfléchi à chaque possibilité technique pour aller vers plus de simplicité. Pas de plastiques ( presque!!!). Pas de béton. Pas de colles. Aucun matériau imperméable à la vapeur d’eau, donc pas de carrelage, pas de chauffage au sol, pas de stratifié.
Des incertitudes. Nombreuses.
Des nuits blanches.
Du découragement.
De la terre, de la pierre, de la chaux, du chanvre, du bois, de la jute, du lin, de l’acier.
Et surtout du temps. Beaucoup de temps. Pour concevoir, réaliser, laisser sécher les matériaux.
Et de l’entraide. De l’entraide d’une qualité incroyable. Des rencontres.
Nous n’avons pas restauré cette bâtisse uniquement pour y vivre mais aussi pour vivre cette restauration. Ce que nous avons reçu en termes de savoir faire est énorme. Ce que nous récoltons en termes de qualité de vie aussi. 
À ceux qui hésitent, pris dans le flot de leur activités, à déployer l’énergie qu’il faut pour réaliser un projet hors norme mais plein de sens: n’hésitez pas. 
Les difficultés qu’on entrevoit sont en général nombreuses, mais comme dirait Serge, il n’y a pas de problème sans solution. 
Nous sommes venus les soirs, et le week-end. Nos enfants ont dormi partout et beaucoup sur le chantier. Nous avons eu pendant tout ce temps des métiers passionnants. 
La volonté de vivre dans une maison au confort actuel néanmoins capable de redevenir une belle ruine en cas d’abandon, de ne pas impacter notre environnement, cette volonté nous a portés de bout en bout. Elle nous a permis de ne pas céder aux sirènes de la consommation et de ne choisir que des matériaux, et même en grande partie, du mobilier qui nous survivront. Ici, des carreaux de terres cuites aux étagères, un humain a travaillé de ses mains.
Cette dynamique a changé notre manière de vivre: nous nous limitons à l’essentiel.
Notre folie des déménagements ( 8 en 12 ans) a enfin cessé. Nous avons posé nos valises.
Ancrage compliqué, loin de notre village natal, à distance aussi de Genève qui n’est pas française et qui est tout de même chez nous. Nous sommes sur cette frontière Franco-Suisse sans trop savoir de quelle culture nous relevons vraiment. 
Sans doute un peu des deux. 
Cet ancrage bancal et heureux nous l’avons néanmoins, je crois, réussi. 
La quantité de travail nécessaire pour venir vivre ici n’y est pas pour rien... 
Comme si on préférait toujours un peu ce qu’on a acquis à force de persévérance.

Attention: ce texte n’est pas une critique de l’habitat traditionnel, juste un retour d’expérience.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les bonnes mères

Clap de fin

De l’autre côté …